Traditionnellement en Afrique le mariage est une alliance qui concerne plus les familles que les individus.
Aussi à un certain âge notamment après le passage à l’âge adulte que consacre la circoncision, le célibat est mal vu.
Ainsi si instruit que soit le célibataire, il ne peut ni diriger une prière devant des personnes mariées encore moins présider à une rencontre quelconque.
Au Fouta Djallon, traditionnellement le mariage se fait en deux phases bien distinctes : Les fiançailles et la célébration des noces.
Les fiançailles dans le mariage traditionnel
C’est un faste protocole où un jeune homme par le biais de sa famille vient demander la main d’une fille à sa famille, la démarche est accompagnée de 10 noix de colas dont l’acceptation ou le rejet détermine de la suite de la démarche.
En cas d’acceptation la famille signifie clairement qu’aucun prétendant n’est en vue ce qui sous-entend que le prétendant peut poursuivre sa démarche, dans le cas échéant, subtilement la famille indique qu’il y a un prétendant et si ce dernier est un cousin proche ou lointain, la formule consacrée est : « djeyoubhe no djoguiti… » Littéralement les propriétaires ont la main dessus.
Dans le cas où les démarches se poursuivent, il est décidé de la valeur de la dot d’antan on pouvait donner une génisse, de l’or, de l’argent métal ou plus encore de nos jours de plus en plus des billets de banque.
Aussi, lorsque les deux familles se réunissent pour conclure ce contrat social, un paquet est conçu avec des colas à l’intérieur ‘’habbhere goro dewgaal’’paquet de colas nuptial qui certifie que le couple est désormais marié et que toutes les exigences du mariage ont été satisfaites, ce paquet a valeur de signature au plan traditionnel.
La célébration des noces : Une simplicité qui contraste avec les complications actuelles
Quand la dot est versée, l’union en préparation est bien avancée et la veille du mariage, le jeune homme qui se marie organise une cérémonie de réjouissances à laquelle prennent part tous ses amis et tout le monde mange et danse copieusement. Puis, il devra se retirer chez un de ses cousins où il devra séjourner jusqu’à consommation du mariage.
De son côté ; la veille du mariage, la fille qui se marie est conduite hors du domicile familial avec la complicité de ses amies et au crépuscule un homme vient s’accroupir au seuil de la case où elle se trouve et l’interpelle en prononçant son nom adjoint de la phrase qui suit :
« …Tes parents me chargent de t’annoncer qu’un Tel leur a demandé ta main, il est l’heure qu’on te le remette !!! »
Alors, éclate une cohue de cris et de pleurs, un tabouret est sorti (souvent celui de la première femme du clan pour que la mariée puisse en épouser les vertus), on aide la mariée à se vêtir.
Pour la circonstance d’un pagne blanc, d’une camisole et d’un voile, la mariée feindra de rejeter le voile deux fois et l’accepteras à la troisième.
Lors de cette cérémonie de la prise du voile nuptial, il est de coutume qu’une salve de fusil retentisse partant des premiers sanglots de la mariée.
Le transfert de la mariée dans sa belle famille
Pour son départ vers sa belle-famille, la nouvelle mariée est accompagnée d’une forte délégation constituée des épouses de son père, ses sœurs et amies et leurs amies respectives conduite par la sœur de son père (traditionnellement celle qui l’avait éduquée depuis son bas âge pour la sortir de la mollesse de l’éducation de sa mère, celle-ci était aussi la garante de la bonne éducation donc de la virginité de sa nièce, un honneur pour toute la famille.)
Chez les peuhls, cette délégation est appelée : ‘’Fuutu’’.
Une fois à bon port au niveau de l’entrée principale de la concession des beaux parents, surgit un gaillard qui exige un dû, une sorte de dédouanement pour que puisse entrer la mariée ‘’Sila Saake’’ à la charge de l’homme et de sa famille.
Dans la famille du marié, la mère du jeune homme et ses sœurs sont à la fête et se surpassent pour honorer leurs invités après des échanges de bons offices en paroles de miel, les plats préparés sont déballés ‘’Nyiri fuutu’’ avec les meilleurs morceaux pour la tante qui conduit la délégation Le reste du repas est partagé à l’assistance. Après le repas la fête se poursuit de plus belle.
Lorsque la mariée est conduite chez son mari pour la première nuit de noces, un drap blanc de quelques coudées est placé sur le lit afin de recueillir le sang virginal, si la mariée est vierge.
Dans ce cas le lendemain, la fête se poursuit de plus belle et la mariée est portée en triomphe avec une coiffure particulière consistant en de fine tresses auxquelles seront accrochées plusieurs perles multicolores, cette coiffure, c’est le ’’Tyargal’’.La mariée devra aussi tenir un parapluie sur lequel sont accrochés des billets de banque et sa famille la recevra avec tous les honneurs et beaucoup de cadeaux qui transitaient par les mains de la tante qui l’a éduquée.
S’il s’avérait que la fille n’était plus vierge, le lendemain aucune manifestation de joie n’avait lieu et l’atmosphère était pesante.
Aussi, le premier jour de noces à l’aube, les belles sœurs conduisent la nouvelle mariée au cours d’eau le plus proche pour lui montrer le chemin qui mène à la source d’approvisionnement et pour lui faire comprendre que le foyer où elle accueillie est bien le sien. (wouningol)
Dans la philosophie du mariage chez les peuhls, le parapluie est une protection au propre comme au figuré. Dans le sens propre il protège des intempéries et dans l’occulte, il sert de protection contre le mauvais œil.
Colas fraiches utilisables dans toutes les cérémonies cultuelles et culturelles au Fouta